Étranger
de Karine Parrot Anamosa, 2023, 109 p. (Le Mot est faible) Barbare, métèque, esclave, aubain Pendant longtemps, il n'a pas existé de définition univoque de l'étranger. Il se définissait par défaut comme celui qui n'appartient pas à la communauté et il existait donc autant de figures de l'étranger que de manières inventées par les humains de former communauté. Ce flou entourant la notion d'étranger a aujourd'hui disparu. L'État-nation s'est approprié le concept pour en dessiner les contours au scalpel : l'étranger est celui qui n'a pas la nationalité de l'État sur le territoire duquel il se trouve. Désormais attribuée de manière certaine par l'effet du droit, la nationalité sépare irrémédiablement le national et l'étranger pour soumettre ce dernier à un régime spécial, arbitraire, plus ou moins sévère et cruel suivant les besoins de l'économie et les considérations politiques du moment. L'un des enjeux de l'ouvrage est de montrer que la catégorie d'étranger n'a rien de naturel. En revenant sur la fabrique de la nationalité française à la fin du XIXe siècle, on comprend qu'elle n'est pas un attribut de la personne humaine et que la qualité d'étranger, définie en creux, l'a été depuis son origine par l'État à des fins utilitaristes. Satisfaire le marché du travail et organiser la ségrégation des candidat·es suivant leur origine, voilà les deux axes inconditionnels de la politique migratoire française. Lorsque le besoin de main-d'uvre « peu qualifiée » baisse dans la dernière partie du xxe siècle, la France puis l'Europe tout entière cherchent à entraver l'arrivée de nouveaux « migrants », notamment grâce à des systèmes juridiques et policiers toujours plus sophistiqués. Ces dispositifs de « gestion des flux » obligent les personnes qui veulent gagner l'Europe à mettre leur vie en jeu. Si tout cela est possible, c'est que ces politiques inégalitaires sont largement habillées par le droit. Le droit est en effet un outil terriblement efficace : il confère à cet édifice macabre sa légitimité. |
Parrot Karine.
Étranger.
Anamosa, 2023, 109 p.
(Le Mot est faible).
Titre : | Étranger |
Auteurs : | Karine Parrot, Auteur |
Type de document : | texte imprimé |
Editeur : | Paris : Anamosa, 2023 |
Autre Editeur : | 14-Condé-en-Normandie : Impr. Corlet |
Collection : | Le Mot est faible, ISSN 2678-3274 |
ISBN/ISSN : | 978-2-38191-074-1 |
Format : | 109 p. |
Note générale : | Bibliogr. p. 106-107 |
Descripteurs : | droit de la nationalité / travailleur étranger |
Résumé : | Barbare, métèque, esclave, aubain Pendant longtemps, il n'a pas existé de définition univoque de l'étranger. Il se définissait par défaut comme celui qui n'appartient pas à la communauté et il existait donc autant de figures de l'étranger que de manières inventées par les humains de former communauté. Ce flou entourant la notion d'étranger a aujourd'hui disparu. L'État-nation s'est approprié le concept pour en dessiner les contours au scalpel : l'étranger est celui qui n'a pas la nationalité de l'État sur le territoire duquel il se trouve. Désormais attribuée de manière certaine par l'effet du droit, la nationalité sépare irrémédiablement le national et l'étranger pour soumettre ce dernier à un régime spécial, arbitraire, plus ou moins sévère et cruel suivant les besoins de l'économie et les considérations politiques du moment. L'un des enjeux de l'ouvrage est de montrer que la catégorie d'étranger n'a rien de naturel. En revenant sur la fabrique de la nationalité française à la fin du XIXe siècle, on comprend qu'elle n'est pas un attribut de la personne humaine et que la qualité d'étranger, définie en creux, l'a été depuis son origine par l'État à des fins utilitaristes. Satisfaire le marché du travail et organiser la ségrégation des candidat·es suivant leur origine, voilà les deux axes inconditionnels de la politique migratoire française. Lorsque le besoin de main-d'uvre « peu qualifiée » baisse dans la dernière partie du xxe siècle, la France puis l'Europe tout entière cherchent à entraver l'arrivée de nouveaux « migrants », notamment grâce à des systèmes juridiques et policiers toujours plus sophistiqués. Ces dispositifs de « gestion des flux » obligent les personnes qui veulent gagner l'Europe à mettre leur vie en jeu. Si tout cela est possible, c'est que ces politiques inégalitaires sont largement habillées par le droit. Le droit est en effet un outil terriblement efficace : il confère à cet édifice macabre sa légitimité. |
Nature du document : | documentaire |
Exemplaires (1)
Cote | Section | Localisation | Code-barres | Disponibilité |
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342.7 PAR | Documentaire | CDI | 9782381910741 | Disponible |