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Les Noces du papes ; Sauvés
de Edward Bond
Arche, 1996, 230 p. ; 18 cm
Les noces du pape constitue la première pièce de Bond.Les Noces du Pape (le titre veut suggérer une cérémonie impossible) se déroule dans la campagne anglaise, qu'on voit, à l'intérieur même des relations humaines, progressivement rattrapée par le monde moderne. Nous suivons l'itinéraire de Scopey, un jeune homme du village qui s'éloigne de la bande d'amis avec lesquels il moissonnait, allait au pub et jouait au cricket, pour se marier et entrer dans une vie standardisée par l'économie et l'urbanisme. Il tente d'établir un lien avec Alen, un demi-clochard qui vit à l'écart de la communauté dans une hutte remplie de journaux et de vieilles affaires, auprès de qui il cherche des traces du passé dans lesquelles comprendre le monde. Mais il n'obtiendra rien de lui. La pièce décline ainsi toute une série d'images de dissimulation, d'espionnage, d'inaccessibilité, d'occultation, de fermeture - des boîtes de conserve fermées, des poches cousues ou vides, des espaces clos... On trouve déjà quelques constantes des oeuvres suivantes, tant thématiques que dramaturgiques : un homme en quête de compréhension qui se réfugie dans un lieu retiré du monde, un reclus qu'on croit détenteur de la vérité, un groupe de jeunes gens facilement violent et potentiellement criminel, un travail très élaboré sur le langage (dans ce cas le parlé rural de l'Essex), une structure narrative fragmentaire, des compositions picturales très simples et très fortes. La pièce aura un certain écho, mais celle qui va réellement "lancer" Bond sera Sauvés en 1965. La pièce se déroule dans les quartiers déshérités du sud de Londres, dans une atmosphère particulièrement sordide. On y voit Len vivre coûte que coûte aux côtés de la famille de Pam, à qui il a (peut-être ?) fait un enfant, bien qu'elle le repousse et malgré sa passion pour Fred, le chef d'une bande de voyous, qui la rejette violemment. Partout où il est, Len gêne. Il est souvent passif, mais sa seule présence bloque les relations de destruction mutuelle qui lient tous les personnages. La pièce, dit Bond, est d'un "optimisme presque irresponsable" ; en effet malgré l'impasse de la situation sociale et humaine des personnages (matérialisée sur la scène par les murs du salon qui se resserrent au lointain, évoquant "une piste de bowling") et malgré toute la violence qu'ils déchaînent les uns contre les autres, il reste toujours en Len la volonté d'apaiser les souffrances, de recréer des liens. La pièce s'achève ainsi sur une image de construction : Len travaillant durement à réparer une chaise à l'avant scène qui avait été détruite par une scène de ménage alors que les autres personnages vaquent à leurs occupations isolément, en silence. La pièce provoquera un tollé. Interdite de représentation par la censure royale, elle n'est jouée qu'en représentation privée.
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